Nous nous proposons d’évoquer aujourd’hui l’église de Vrigny, en nous rappelant que la christianisation de notre région remonte aux temps anciens, sans doute vers le Vème siècle, époque de l’évangélisation de St Martin de Tours et où vécut St Caprais, vénéré sur notre commune, en forêt, à Châtillon.
Il y eut sans doute à cet emplacement au cœur du bourg un premier lieu de culte dont nous n’avons pas mention. L’église que nous voyons au XXème siècle, date de plusieurs époques, nous allons essayer le l’analyser.
Nous remarquons tout d’abord le clocher qui domine la place de son toit en bâtière caractéristique de notre région. Il s’agit d’un clocher en façade en vogue dès l’époque romane, comme ceux de Courcy-aux-Loges, Santeau, Mareau-aux-Bois, Ramoulu, inspirés par le clocher-porche de St Benoit-sur-Loire, abbaye dont nous mesurons mieux l’influence sur l’architecture religieuse de notre région. Cependant, une plaque scellée à droite du portail roman, nous indique que ce clocher a été reconstruit en 1660 par Achille de Longueau, Seigneur des Cinq-Chènes, un Clérambault, apparenté aux Longeau-St-Michel. Il est dépourvu de contreforts comme c’était l’usage au 17° siècle (temps de Louis XIV) et la porte d’accès, avec sa clé pendante, confirme cette datation. Les ouvertures du haut sont du même modèle et la fenêtre de l’étage est surmontée des armoiries d’Achille de Longeau. En pénétrant sous le clocher, nous nous trouvons devant la porte d’entrée, elle a l’aspect d’une porte romane : un tore (boudin) la surmonte, souligné d’une archivolte, mais sans chapiteaux. Le même style de porte se retrouve à Bouzonville-aux-Bois et des exemples comparables existent à Guigneville, Engenville, Césarville, Marsainvilliers, La Neuville-sur-Essonne, Orveau. Il pourrait s’agir, en l’absence de chapiteaux, d’une forme tardive. Dans tous les cas, les nefs auxquelles ces portes donnent accès, datent de l’époque de St-Louis (XIIIème siècle), ici aussi sans doute, avant la reconstruction de la nef en 1870.
Continuant notre visite, nous descendons pour entrer dans la nef de trois travées, séparée du chœur par un transept (en saillant). Nous savons (Abbé Patron – recherches historiques sur l’Orléanais – Orléans 1870-1871) que la nef, menaçant ruine, fut reconstruite en style néo-gothique, cher au XIXème siècle, mais l’on a gardé le clocher, la porte et l’abside. Cette abside est à cinq pans, ce qui est plutôt rare dans une région où l’on utilisait le plus souvent le chevet plat. Il est possible qu’elles aient été refaites après les dégâts dus à la guerre de cent ans, d’après l’ébranlement des baies, que l’on distingue très bien dans le cimetière. Comment était l’église avant ? Nous ne le saurons sans doute jamais… L’église primitive, dédiée à St-Jean-Baptiste, fut ensuite placée sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption. Plusieurs statuts de Saints rappellent les dévotions de nos ancêtres : St-Aignan, St-Etienne, St-Jean l’Evangéliste, St-Jean-Baptiste, Ste-Jeanne-d’Arc, St-Joseph, St-Luc, St-Mathieu, Ste-Thérèse de l’Enfant Jésus, sans oublier Notre Dame.
Le mobilier est intéressant : la chaire, classée monument historique du XVIIème siècle, présente les sculptures du Christ et de trois évangélistes, le banc d’œuvre, qui lui fait face, est du XIXème siècle comme les autres éléments du mobilier : les bancs, les lustres. Nous avons remarqué en entrant, à droite, les fonds baptismaux, provenant de l’église de Limiers, au nord en allant vers Bouilly-en-Gâtinais, paroisse décimée par la Grande Peste du 14° siècle et dont les derniers vestiges furent détruits en 1822. Deux peintures : l’une dans le fond de la chaire représente une Assomption de la Vierge, l’autre est un portrait de la Bienheureuse Marie-Madeleine Pazzi carmélite, mystique florentine (1566-1607). Deux pierres tombales et deux plaques commémorent des membres de la famille Richer, propriétaires du château de la Brosse au XVIIème siècle.
L’église, riche d’un long passé, est bordée au nord par le cimetière dont les croix de fer forgé constituent un patrimoine précieux.
Connaissance et Sauvegarde du Patrimoine.
Geneviève Terrasse